• Le chemin de l'anorexie est bien connu. Au-delà de la (des) cause(s) qui a déclenché la maladie, le processus qui conduit à l'amaigrissement et au renfermement sur soi est à peu près toujours le même.

     --> Le départ est souvent progressif. La personne peut par exemple décider de faire un régime pour perdre quelques kilos et finalement basculer dans l'obsession de la balance et de la restriction alimentaire. Petit à petit, elle finit par ne quasiment plus s'alimenter. "C'est bien souvent ainsi que cela débute, note le Dr Sellinger. Le régime, justifié ou non d'ailleurs, dérape et la personne se prend en quelque sorte à son propre jeu."

     

    <figure class="ccmcss_cms_figure ccmcss_cms_figure--right" style="margin: 5px auto 0.80769em 1.61538em; max-width: 433px; position: relative; font-size: 0.8125rem; box-sizing: border-box; padding: 3px; border: 1px solid rgb(218, 218, 218); float: right; width: 200px;">l'anorexique au quotidien. <figcaption>

    L'anorexique au quotidien.

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    --> Elle cache le plus souvent à son entourage le fait qu'elle ne mange presque plus : elle chipote dans l'assiette mais donne l'impression d'avoir tout de même picoré, elle s'arrange pour ne pas prendre ses repas en même temps, dissimule son amaigrissement sous des vêtements larges... Parfois, cette personne peut également présenter des signes de boulimie : après des jours de frustration, elle avale soudain toute nourriture qui lui tombe sous la main, pour aller ensuite se faire vomir.

    --> Pour tenir le coup, la personne anorexique conserve tout de même quelques aliments dits "repères".  Elle les absorbe souvent selon un rituel bien précis. Il peut s'agir par exemple d'une biscotte avec un bol de thé le matin ou d'un yaourt avec une demi-banane en milieu de journée. Ce rituel persiste en général même au pire de la maladie.

    --> Elle se pèse tous les jours et même, souvent, plusieurs fois par jour. Le moindre gramme supplémentaire affiché sur la balance est problématique et peut la conduire à redoubler de vigilance. En même temps, au plus fort de la maladie, voir l'aiguille de la balance baisser peut devenir également un problème, car elle sait que sa santé est en danger (et peut éventuellement se faire hospitaliser contre son gré par sa famille).

     --> Bizarrement, elle a souvent beaucoup moins de problème avec la nourriture liquide qu'avec la nourriture solide. "Le liquide fait moins peur, il ne donne pas cette impression d'avoir le ventre complètement rempli une fois qu'on l'a absorbé, même s'il peut être aussi, voire plus calorique, que certains aliments solides. A l'inverse, je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais la viande constitue pour beaucoup d'anorexiques un élément particulièrement repoussant", se souvient Jessica Nelson.

    --> Elle adore cuisiner pour les autres et les regarder manger. "Beaucoup des jeunes femmes que j'ai rencontrée pour mon livre collectionnaient les recettes de cuisine", se souvient Jessica Nelson.

    --> Elle est souvent obsédée par le sport et l'activité physique. Elle peut le pratiquer à outrance, fait souvent des mouvements de musculation juste après les repas. Lorsque le poids devient critique, elle est souvent contrainte d'arrêter, faute de forces suffisantes. "J'ai fini par demander une dispense de sport quand je me suis rendue compte que cela me pénalisait pour ma moyenne du bac, précise Jessica Nelson. Mon médecin attendait ce moment depuis longtemps mais a eu l'intelligence de ne pas me l'imposer."

    --> D'une manière générale, l'anorexique aime pratiquer ses activités à l'excès et peut s'y épuiser : études, musique, sport, etc.

     

    --> Avec ses proches, la personne malade est souvent agressive, impulsive, coléreuse. Elle peut même se révéler tyrannique, notamment au moment de la préparation des repas.

    Un des problèmes de l'anorexie, c'est que lorsque l'on s'aperçoit que la jeune fille est souffrante, la maladie a souvent déjà fait pas mal de ravages. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. 

    --> Il n'est pas rare que des jeunes femmes ou de jeunes adolescentes décident de faire un régime pour perdre quelques kilos superflus. Il n'y a a priori pas de raison de s'inquiéter pour autant. Le début de l'anorexie  peut donc être totalement "banal".

     

     

     

     

    <figure class="ccmcss_cms_figure ccmcss_cms_figure--right" style="margin: 5px auto 0.80769em 1.61538em; max-width: 433px; position: relative; font-size: 0.8125rem; box-sizing: border-box; padding: 3px; border: 1px solid rgb(218, 218, 218); float: right; width: 250px;">au début l'anorexie ne se voit pas. <figcaption>

    Au début l'anorexie ne se voit pas.

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    --> Bientôt qu'étant parfois dans le déni, les personnes malades ont généralement conscience de leur amaigrissement. Elles ont beau le juger positif, elles savent bien que tout le monde ne sera pas de cet avis et s'arrangent donc pour dissimuler leur absence de formes sous des vêtements larges. Dans les premiers temps, cela passe donc relativement inaperçu. En outre, elles ont l'art de faire semblant de manger pour que personne ne remarque rien. Parfois, elles mangent même réellement, quitte à tout vomir juste après. Bref : les anorexiques sont souvent passés maître dans l'art de la dissimulation et du mensonge, même si cela les fait culpabiliser. 

     
     

     

    --> Au départ, les personnes anorexiques n'ont pas l'air malades et semblent même en pleine forme. D'ailleurs, c'est le cas : le jeûne prolongé déclenche au bout de quelques jours un changement dans le métabolisme qui procure une sensation de superpuissance. Beaucoup d'anorexiques décrivent le fait qu'ils ont l'impression que leurs neurones fonctionnent beaucoup mieux et plus vite sans nourriture. Ce qui est souvent corroboré par le fait que les notes, à l'école, ne baissent pas, au contraire. Une sensation de bien-être apparaît également. "Je n'ai jamais pris de drogues donc c'est difficile de comparer, mais je pense que c'est une sensation un peu similaire, on plane un peu, en quelque sorte", confirme Jessica Nelson. Ces sentiments se trouvent renforcés par le fait que la personne se sent plus forte que les autres puisqu'elle seule est capable de refuser d'écouter sa faim et de ne pas succomber à la tentation de s'alimenter.


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  • Comme son nom l'indique, l'anorexie mentale se joue en premier lieu sur le plan psychologique. Il s'agit d'un trouble mental avant d'être un désordre alimentaire. Un trouble qui se traduit physiquement, par un refus de s'alimenter et un amaigrissement souvent qualifié de suicidaire.

     

    Les symptômes sont donc tout ce qu'il y a de plus physique mais les causes, elles, sont toutes issues de l'esprit de la personne malade : elle n'a, à la base, aucun souci digestif, parfois même aucun surpoids à éliminer. Mais, ainsi que l'exprime le nutritionniste Franck Sellinger dans son livre "L'anorexie", leur miroir intérieur est brisé : ces personnes ne se perçoivent plus telles qu'elles sont réellement. Cette maigreur extrême de l'anorexique va provoquer divers troubles liés au déficit de vitamines, de nutriments et, tout simplement, au manque de graissesdans l'organisme. Des troubles assez graves pour entraîner la mort en stade terminal de la maladie, lorsque rien n'est fait pour pallier les manques.

    Indice de masse corporel

    Ce n'est pas tout à fait l'avis de Jessica Nelson, ex-anorexique et auteure de "Tu peux sortir de table". "Je voyais très bien quel était l'état de mon corps et je savais que c'était laid, mais je me sentais très bien comme

    Je voyais très bien quel était l'état de mon corps et je savais que c'était laid, mais je me sentais très bien comme ça.

    ça. C'est le côté pervers de l'anorexie : on aime cette nouvelle enveloppe que l'on a façonnée." L'anorexique se forge ainsi une nouvelle identité

    Si la guérison passe par une reprise de poids, celle-ci ne peut survenir de façon durable que si le malade est en train de guérir psychologiquement et décide qu'il ne veut plus être comme ça. Encore là, si le corps peut accepter une réalimentation et une reprise de poids relativement rapide, il n'en est pas forcément de même de l'esprit. C'est lui qui contrôle et "décide" à quelle vitesse il est capable d'accepter ces nouveaux kilos qui remettent une nouvelle fois en cause l'identité du malade.

    Paradoxalement, c'est pourtant en fonction du poids de la personne malade que l'on détermine la sévérité de l'anorexie. Elle est en effet définie en fonction de l'indice de masse corporelle (IMC), qui se détermine en divisant le poids en kilos par la taille au carré (en mètres). Un IMC normal se situe entre 18,5 et 23. On parle d'anorexie modérée lorsqu'il passe sous la barre des 17,5, d'anorexie sévère en dessous de 15 et d'anorexie critique sous le seuil de 12,5 (ce qui représente, par exemple, 32 kg pour 1,60 m).


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  • Définition

    Ce trouble majeur, le plus important des TAC (troubles du comportement alimentaire) par sa fréquence et sa gravité, affecte prioritairement les femmes, et apparaît dans 90 % des cas au cours de l' adolescence.
    Volonté de maigrir ou crainte de grossir, le résultat est le même : la malade adopte des comportements alimentaires pouvant aller jusqu'au décès. On distingue deux grands types d'anorexie : restrictive et boulimique.

    Les deux formes de l'anorexie

    • L'anorexie restrictive est la plus fréquente : phobie de la prise de poids, rejet de toute nourriture...
    • Le second type d'anorexie présente des comportements boulimiques marqués par des absorptions compulsionnelles et massives de nourriture, suivies de vomissements, spontanés ou provoqués.
    • Les symptômes psychologiques de ces deux formes d'anorexie mentale sont très différents.
    • L'anorexie de forme restrictive est marquée par un sentiment de toute puissance et une volonté de maîtrise globale de son environnement physique, affectif, relationnel...
    • Ce besoin de contrôle sur soi et les autres, s'accompagne chez les malades d'un rejet de toutes formes de plaisir : alimentaire, sexuel, affectif...
    • L'anorexie de forme boulimique s'accompagne au contraire d'une profonde perte d'estime de soi pouvant évoluer vers des formes dépressives.
    • Le dégoût et la honte de soi peuvent être en outre à l'origine d'actes suicidaires ; ces sentiments auto-dévalorisants coexistent parfois avec un attachement anormal à l'un des parents.

    Comment guérir de l'anorexie mentale ?
    L'interaction de facteurs génétiques (l'héritabilité de l'anorexie est estimée entre 50 % et 70 % !) et psychologiques, avec des facteurs environnementaux, familiaux et socioculturels, rend le traitement de l'anorexie extrêmement complexe. 

    Si certains antidépresseurs et anxiolitiques peuvent être d'un secours ponctuel, il n'existe aucun médicament pour « guérir » une anorexie. 

    Le recours à la psychiatrie est incontournable, et les thérapies familiales sont fortement recommandées en raison du jeune âge de nombreuses patientes. 

    Pour les jeunes femmes qui ont dépassé le stade de l'adolescence, ou pour des patientes présentant des symptômes légers, la thérapie comportementale et cognitive donne de bons résultats. 

    Les taux de guérison de l'anorexie sont mitigés. Si 30 à 50 % des patientes guérissent sans séquelles, elles sont environ 15 % à conserver une maigreur anormale et une fragilité psychologique importante. Elles sont 15 % à ne jamais en guérir véritablement, alors que près de 10 % en meurent.

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